Un jardin couleur de mauve s'ouvre sur de scintillantes visions d'enfance émergeant des brumes d'un été de la Saint-Martin des années vingt. La Yougoslavie vient de naître, mais nous vivons encore sous les favoris de François-Joseph, et selon les us et les manières de l'ancien régime. Les saisons idylliques du jeune Branko dans la ferme de son grand-père sont ponctuées par les fêtes patronales, les travaux des champs et des ménages. Le génie du conteur ressuscite le monde enchanté des sous-bois, des moulins abandonnés qui inspirent la terreur, des combes où rôdent, dit-on, les loups. Et puis, surtout, des figures pleines d'âme et de grâce, nettes comme des santons : ce grand-père Rade, d'abord, vieillard innocent, candide et pudique, son cousin Sava, " voleur modeste et honnête ", l'abrupt oncle Nidzo, le bourrelier Petrak ne se fiant qu'aux chevaux, et toute une galerie de personnages humbles et hauts en couleurs, vagabonds, braconniers, rétameurs, journaliers, incarnant des métiers et des caractères désormais disparus. Avec la seconde partie du récit s'en vient la guerre, et l'âge innocent laisse place à une profonde et meurtrière nostalgie. Par-delà les vicissitudes du temps, l'écrivain grisonnant part à la recherche du garçonnet blond qu'il fut et noue avec lui un dialogue poignant. Comment retrouver les torrents écumants de jadis, les greniers mystérieux, les regards farouches des gamines hâlées dont on était amoureux sans même le savoir, et qui sont perdues à jamais pour l'homme mûr ? Tourmenté par la nostalgie, profondément déçu du régime qui l'avait choyé et manipulé, Branko Tchopitch se jeta une nuit d'un pont de Belgrade qui porte depuis son prénom. Durant la guerre civile, son village natal de Hasani fut saccagé par les forces musulmanes parce qu'il était tout entier voué à la mémoire de cet immense poète de l'idéal et de la fraternité.
Poète, écrivain pour grands et petits, résistant, Branko Tchopitch (1915-1984), Serbe originaire de Bosnie occidentale, fut l'une des figures les plus belles et les plus attachantes de la Yougoslavie moderne. Sa prose savoureuse, entre mémoires et fiction, a façonné la geste des partisans yougoslaves. Comme Gorki en URSS, Tchopitch fut, bien malgré lui, acclamé, intronisé... et manipulé par le régime de Tito. Si ses livres - Sous le mont Grmec, La poudre sourde, Les aventures de Nikoletina Bursac - étaient des lectures obligatoires, ils n'en étaient pas moins aimés, et tous les enfants connaissaient quelques vers de ses poèmes pour la jeunesse. Son style était unique, reconnaissable entre tous, ressuscitant sans effets superflus le truculent parler de la campagne bosniaque. La tendresse qu'il avait pour ses personnages, bons ou mauvais, leur confère une inoubliable profondeur humaine, faisant d'eux les emblèmes d'une époque.
Titre : Un jardin couleur de mauve
Auteur : Branko Tchopitch, Brigitte Mladenovic (Traducteur)
Paru le : 01/09/2005
Isbn : 2-8251-1396-4 / Ean 13 : 9782825113967
Caractéristiques : 196 pages
Dimensions: 15,5cm x 22,0cm x 1,6cm
Poids | 0,40 kg |
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