Pekic Borislav : Toison d’Or : 3 volumes

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La Toison d'or : Premier registre, 500 pages - 25.00 EUR

Traduit du serbe

On s'était extirpé des bas-fonds. On avait parcouru le chemin qui menait aux étoiles. On ne pouvait pas aller plus loin. On s'était emparé de la Toison d'or terrestre. Il n'y avait plus de raisons de continuer la route. Maintenant qu'ils étaient tout en haut de l'échelle, les Njegovan ne pouvaient plus que piétiner sur place. Certes, il leur était encore possible d'accroître leur fortune, d'acheter toujours plus de maisons, de commerces, d'usines, de terres, de mines, d'actions, de bijoux, d'acquérir davantage de pouvoir et de gloire, d'arracher quelques boucles supplémentaires à la Toison, mais ce serait de l'accumulation pure et simple. Ils étaient déjà si riches qu'on ne remarquait même plus qu'ils continuaient à s'enrichir. Tous leurs biens avaient moins d'importance à leurs yeux que le deuxième sac de ducats économisé, le second privilège obtenu ou, même, le moindre geste de reconnaissance publique pour leurs ancêtres à l'époque où ils n'étaient encore rien ni personne. Il leur restait à trouver un sens à leur course au profit ou, tout au moins, à remettre en cause celui qui l'avait jadis justifiée. Il convenait maintenant de placer la Toison d'or terrestre sur le plateau de la balance.

Cinq siècles d'histoire mouvementée des Balkans sont livrés ici en une fantasmagorie littéraire qui retrace l'ascension sociale et la chute d'une puissante famille serbe d'origine aroumaine: une saga en sept registres nourris de la mythologie qui accompagne l'errance de ce peuple et tourne en dérision les mirages de la société marchande. Où l’on voit que la quête de La Toison d'or se confond avec une recherche du profit et du gain qui n'épargne que les tempéraments artistes ...

Deuxième registre : Les spéculations de Kyr-Siméon, 494 pages, 25.00 EUR

Traduit du serbe
Tous avaient tenté, à un certain moment, d'échapper à la Firme, mais ils avaient fini, tôt ou tard, par revenir en son giron maternel. La Firme était toujours la plus forte. Elle régissait, tel un tyran impitoyable, leurs pensées, leurs agissements, leurs sentiments, tout ce par quoi ils se distinguaient des animaux. Elle était devenue la prémisse essentielle de leur condition humaine. Tel un Moloch impassible, elle digérait leurs révoltes insensées et, quoi qu'ils fissent pour lui échapper, les ramenait toujours à elle, dans ses entrailles brûlantes, comme les victimes immolées au dieu du commerce à Carthage. Elle les attelait à son char doré. Siméon ri avait pu sen défendre, même en se réfugiant sous une forme chevaline. Car la Firme, c'était eux, justement, tous ces Siméon défunts et dont l'âme n'avait pas encore trouvé le repos. Leur désir d'accumuler, leur soif de posséder se condensaient en Siméon, prenant le contrôle de tout son être. Energie ne faisait alors plus qu'un avec la matière, l'idée avec la marchandise. Et l'on ne pouvait rien contre. Rien n'aurait pu ramener cette nouvelle divinité, invisible et inconnue, à l'obéissance et à la modération.

Deuxième registre - après La Toison d'or d'une fantasmagorie littéraire qui déroule le destin de l'homme dans l'histoire tourmentée des Balkans, ce volume retrace les insurrections serbes, la formation de la Yougoslavie et la constitution d'une classe bourgeoise à travers la quête marchande d'une famille serbe d'origine aroumaine. Or on voit la lutte pour la survie se transformer en une course effrénée pour l'accumulation de profits.

La Toison d'or, Tome 3 : Les Profits de Kyr-Siméon, Broché: 548 pages 25.00 EUR

Traduit du serbe
IL S'AGIT LÀ D'UNE SOMBRE VÉRITÉ qui semble accompagnée du bourdonnement et du grondement des antiques trapèzes magiques : le caractère d'une personne, son âme, son destin ne sont pas des données permanentes, ni déterminées par des forces inconnues. Ce que nous sommes peut dépendre de quelques ombres artificielles ou de quelques traits d'encre de Chine sur le visage. Il suffit de quelques petites interventions pour donner à une tête hautaine de patricien une expression
servile. Avec l'aide de couleurs inertes, le courage devient lâcheté, la sagesse folie, la joie tristesse. Les changements qu'on y opère ont des implications dans les couches profondes de l'être, dont le visage n'est que le reflet. Lorsqu'un maquillage est réussi, il se produit des modifications plus ou moins importantes dans celui qui l'arbore. Il n'est pas impossible, par exemple, qu'en vertu de cette prémisse, un homme pût acquérir certaines caractéristiques chevalines si on lui donnait suffisamment longtemps les traits d'un cheval. En tant qu'art, le maquillage ne pouvait se pratiquer que sur des êtres humains, au risque, sinon, de n'être que de la peinture, une imitation de la vie, comme la statuaire grecque de l'Antiquité. Siméon espérait que ce lien avec la vie et les hommes permettrait à son savoir-faire de prendre la tête de l'aventure, digne de Protée, qui consistera à fuir la nature. Troisième registre d une fresque littéraire qui déroule le destin de l'humanité dans l'histoire tourmentée des Balkans, ce volume nous transporte au siècle de Soliman le Magnifique, quand Siméon de Szeged tente de se faire artiste pour échapper à la destinée commerciale de sa lignée. Où l'on voit que la trahison de la sainte Trinité aroumaine - Famille, Propriété, Passé - se solde par la mort.

Né en 1930 au Monténégro, Borislav Pekic est mort à Londres en 1992, laissant romans, nouvelles, drames et essais. On lui doit notamment La Toison d'or, fantasmagorie littéraire qui, à travers cinq siècles de l'histoire agitée des Balkans, turne en dérision les mirages de la société marchande.

Editeur : Agone /BL (20 septembre 2004)
ISBN-10: 2748900189
ISBN-13: 978-2748900187

Informations complémentaires

Poids 2,10 kg