Saint Pétersbourg, milieu du XIXe siècle.
Une riche veuve vit de la location de ses appartements, régie d'une main de fer par Pavline (Le Paon), l'affranchi devenu suisse. Pas de pitié pour les mauvais payeurs ; la petite Liouba, sa mère et sa grand-mère se retrouvent à la rue... Et c'est Pavline, l'homme qu'on croyait sans cœur, qui recueille la petite orpheline, afin de lui donner refuge, éducation et instruction... Les années passent, Liouba tombe amoureuse d'un jeune écervelé qui la traite mal, et sombre dans la mélancolie.
Mais Pavline veille et, une fois encore, prendra en main sa destinée et celle de sa protégée - son amour, sa vie... Publié en 1874, ce court roman s'inscrit dans le cycle des justes, où Leskov rejoint de nombreux écrivains russes dans leur quête de gens dont l'héroïsme personnel accuse la machine à broyer de l'ordre régnant. Un texte fort, à la fois romanesque et d'une terrible actualité.
Leskov n'est pas seulement un " fin connaisseur de la vie russe ", comme le disait Gorki, mais il est aussi connu de toute la Russie. Ses personnages, Fliaguine le vagabond ensorcelé, Katérina Lvovna la lady Macbeth de Mtsensk, l'astucieux armurier de Toula dit le Gaucher sont des personnages familiers. Le Gaucher bigle n'est-il pas pour l'imaginaire russe un personnage analogue à un Roland de Roncevaux, à une Jeanne d'Arc ou à un Guillaume Tell ? Certains des contemporains de Leskov n'étaient ils pas d'ailleurs intimement persuadés de son existence réelle ? On peut dire, après l'académicien Likhatchev, que Leskov est un Dickens russe, dans la mesure où on le lisait en famille, où il restait en mémoire pour toute la vie, où il dénonçait le Mal, où il montrait le Bien. Leskov qui avait une grande admiration pour Dickens et qui s'était inspiré de certains de ses personnages et de ses contes de Noël, aurait été heureux de cette comparaison. Mais Leskov est aussi russe que Dickens est anglais, et il nous emmène dans des aventures et des régions bien différentes. Leskov est un peintre de la Russie profonde dont il nous présente des scènes colorées à la manière des " loubki ", ces gravures populaires russes. Il est aussi un " greffier " attentif, à l'écoute de la " Russie parlante ", qui utilise avec virtuosité les expressions et les parlers les plus divers. Enfin, il est le créateur d'un grand nombre de personnages remarquables par leurs qualités humaines, que l'on trouve principalement dans les récits qui forment le cycle de Justes ; ce cycle aurait été inspiré à Leskov par la remarque désabusée de l'un de ses confrères écrivains, très probablement Pissemski, sur la " vilenie " des Russes. En créant son cycle des Justes, Leskov entendait démontrer que la Russie était riche de ces " justes sans lesquels aucune ville ne peut tenir ". Inès Muller de Morogues.
Titre : Le paon
Auteur : Nikolaï Leskov
Isbn : 2-87678-744-X / Ean 13 : 9782876787445
Poche / 102 pages
11,0cm x 17,0cm x 0,8cm / 0,095kg
Poids | 0,20 kg |
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