Nicolaï Leskov
Au bout du monde
Traduit du russe par Jacques Imbert
Collection ’Petite Bibliothèque Russe’
14,5 x 21 cm, 64 pages, cahier, 7,50 €, ISBN 978-2-906266-77-3
Dans ce récit d'une extrême densité s'opposent deux mondes : celui des paroles raffinées et des certitudes savantes et mondaines de l'élite ecclésiastique de Petersbourg, celui silencieux des brutes "sauvages", puantes et simples du fin fond de la Sibérie. Leskov opère à la fois un questionnement et un retournement des valeurs : la tempête de neige, qui est le point culminant du récit en est tout à la fois le cadre et la métaphore. L'espace sibérien, peuplé d'inconnu, conduit à l'expérience des confins où tout vacille, y compris les canons d'une orthodoxie trop satisfaite d'elle-même. La traduction de Jacques Imbert redonne à ce récit toute sa saveur et sa grandeur
Nicolaï Sémionovitch Leskov (1831 - 1895) a produit une œuvre considérable, d’une puissante originalité dans la littérature russe du dix neuvième siècle, tant par son écriture que par ses thèmes. Jacques Imbert a aussi traduit de Leskov, pour les éditions de L’Aube, un somptueux et poignant récit : «Le paon».
Critique : “Ce récit est tiré a deux cent cinquante exemplaires, annonce l’éditeur. Il mérite pourtant, par sa finesse d’observation et sa sobriété, beaucoup plus de lecteurs.” Christian Molinier, Le Matricule des Anges, 29, janvier-mars 2000.
Leskov n'est pas seulement un " fin connaisseur de la vie russe ", comme le disait Gorki, mais il est aussi connu de toute la Russie. Ses personnages, Fliaguine le vagabond ensorcelé, Katérina Lvovna la lady Macbeth de Mtsensk, l'astucieux armurier de Toula dit le Gaucher sont des personnages familiers. Le Gaucher bigle n'est-il pas pour l'imaginaire russe un personnage analogue à un Roland de Roncevaux, à une Jeanne d'Arc ou à un Guillaume Tell ? Certains des contemporains de Leskov n'étaient ils pas d'ailleurs intimement persuadés de son existence réelle ? On peut dire, après l'académicien Likhatchev, que Leskov est un Dickens russe, dans la mesure où on le lisait en famille, où il restait en mémoire pour toute la vie, où il dénonçait le Mal, où il montrait le Bien. Leskov qui avait une grande admiration pour Dickens et qui s'était inspiré de certains de ses personnages et de ses contes de Noël, aurait été heureux de cette comparaison. Mais Leskov est aussi russe que Dickens est anglais, et il nous emmène dans des aventures et des régions bien différentes. Leskov est un peintre de la Russie profonde dont il nous présente des scènes colorées à la manière des " loubki ", ces gravures populaires russes. Il est aussi un " greffier " attentif, à l'écoute de la " Russie parlante ", qui utilise avec virtuosité les expressions et les parlers les plus divers. Enfin, il est le créateur d'un grand nombre de personnages remarquables par leurs qualités humaines, que l'on trouve principalement dans les récits qui forment le cycle de Justes ; ce cycle aurait été inspiré à Leskov par la remarque désabusée de l'un de ses confrères écrivains, très probablement Pissemski, sur la " vilenie " des Russes. En créant son cycle des Justes, Leskov entendait démontrer que la Russie était riche de ces " justes sans lesquels aucune ville ne peut tenir ". Inès Muller de Morogues.
Poids | 0,10 kg |
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