La disparition subite de l'URSS au début des années 1990 a amplifié au sein de la société russe un retour réflexif sur le passé. Mais le rapport au passé soviétique se révèle particulièrement difficile à élaborer et est bien souvent escamoté au profit d'une survalorisation des temps prérévolutionnaires. Comment, alors, se construisent et se perpétuent désormais en Russie les souvenirs ? Quel regard les Russes portent-ils sur leur XXe siècle ? Pour progresser au cœur d'une anthropologie des façons de faire la mémoire, cet ouvrage explore l'histoire des milliers de familles originaires de la ville de Mologa, au cœur de la Russie centrale : à la fin des années 1930, dans le cadre des grands travaux staliniens, la création d'un barrage sur la Volga entraîna leur déplacement forcé, la destruction de leur ville et de 700 villages et l'inondation de près de 4 500 km2 de terres. Ces familles, encore aujourd'hui liées par une communauté de destin, restituent ici une expérience exemplaire de la période soviétique, par la démesure et l'arbitraire qu'elle révèle. Et elle permet de s'interroger sur l'empreinte d'un passé qui, à plus d'un égard, ne passe pas. Partant d'une interrogation sur la signification du " retour du néant que la communauté affirme avoir accompli, l'auteur décrypte les " bricolages de la mémoire des gens de Mologa. Elle s'interroge ainsi sur l'invocation de la légende de l'Atlantide dans la construction de leur histoire, sur la signification de cette " Atlantide russe " désormais figure de référence des déplacés, ce qu'elle révèle et ce qu'elle contribue aussi à cacher.
Titre : Une Atlantide russe. Anthropologie de la mémoire en Russie post-soviétique
Auteur : Elisabeth Gessat-Anstett
Paru le : 18/10/2007
Isbn : 978-2-7071-5306-7 / Ean 13 : 9782707153067
Collection : RECHERCHES.
Poids | 0,50 kg |
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